Chiloé

Publié le par sabolon

Retour de la seconde grande excursion : destination Chiloé, l'île noyée de brumes de la "decima region", la région des lacs, capitale Puerto Montt. DSCN5024.JPG

 

C'est une région où la minorité mapuche est encore très présente : les gens sont très typés andins, petits, rablés, les cheveux très noirs, presque bleutés.

 

Imaginez-vous une mosaïque d'îles entourant la plus grande, Chiloé : 190 de long sur 65 kms de large (un peu moins que la taille de la Corse, deux fois moins d'habitants), très vallonnée, des espèces végétales et animales qui passionnèrent Darwin qui y séjourna quelques semaines en 1834, lors de sa grande tournée du Pacifique.

 

Pays de pêcheurs, pays âpre, tourmenté par des croyances sombres... Des brujos, des mauvais sorciers, dans le groupe duquel ressortent quelques figures effrayantes : le zombie pourvu d'une jambe dans le dos, la tête à l'envers, qui se nourrit de chair humaine et de lait de chatte ; la viuda, la veuve noire aux pieds nus, qui séduit et abandonne les hommes ; la messagère, qui vomit ses tripes pour prendre son envol, et ravale ses entrailles au matin. Bref, que du beau linge. Cette mythologie n'a pas entièrement disparu après la christianisation, et, soucieux de compromis, un peintre a placé les dieux chilotes à côté du Christ, dans une des fresques qui décorent les célèbres églises en bois de l'île.

 

On n'a pas aperçu le bateau fantôme incandescent, mais pour le reste on était dans l'ambiance : humidité, brouillards, lichens, mousses, fougères et rhubarbes géantes, oiseaux  rapaces de toutes sortes, océan Pacifique déchaîné, masures désolées.

 

 

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A l'abri de nos K-ways, on a fait face, vaillamment, au froid humide et venteux... et on s'est somme toute bien baladées ! On a eu de la chance parce qu'il n'a pas "vraiment" plu : des petits crachins de temps en temps, jamais de violente saucée. Au départ, on pensait se balader en vélo, mais un mauvais refroidissement d'Anne les jours précédents nous a fait envisager un séjour moins sportif.

 

 

 

On a pris nos quartiers à Castro, au centre, et de là on est allées vers Chemquin et Cucao, jusqu'à l'Océan.

 

 

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 On a marché dans le parc national, qui jouxte les immenses réserves appartenant au nouveau président de la République, Sébastian Pinera, un entrepreneur qui possède le cinquième de l'île. Le chemin avance dans un épais tapis de végétation : ça pousse dru ici.

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Plus loin, des dunes, on tente de rejoindre le Pacifique, mais un marécage nous force à rebrousser chemin. On est parties avant le petit déjeuner et on claque du bec, on décide d'aller jusqu'à une auberge qu'on avait repérée, la dame est fermée mais veut bien nous offrir rapidement à manger : un poisson grillé et quelques pommes de terre, délicieux ! Elle nous indique un autre chemin praticable pour l'océan.

 

 

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 C'est marée montante, les vagues viennent s'écraser de toute leur force contre le promontoire.

 

 

 

 

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A Castro, on passe par le marché aux lainages ; par les palafitos, quartiers de maisons construites sur pilotis pour qu'à marée haute on puisse y accéder en barque. Le soir, on prend un verre, et la discussion se prolongeant, c'est entourées de familles chilotes engouffrant des montagnes de nourriture disposées sur une assiette au centre, qu'on se régale des classiques sopaipillas, sorte pancakes de mais frits, accompagnés des incontournables avocats et julienne de tomate-oignon-coriandre-jus de citron....

 

 

 

 

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 Le lendemain, direction Dalcahué et l'île de Chéquian, jusqu'à Achao. Les trajets se font à chaque fois en minibus d'une vingtaine de places, qui, lorsque c'est nécessaire, passent les eaux sur un bac, hop ! en deux temps trois mouvements, on n'arête même pas le moteur. On est les seules touristes, mais en été ça doit être une autre musique, toutes les maisons ou presque indiquent qu'elles ont des chambres à louer. Le chauffeur se signe et touche le chapelet pendu au rétroviseur à chaque forte pente, est-il courant que les freins lâchent ?

 

 En arrivant à Achao, la marée a déposé trente centimètres d'algues vertes sur une bande de plage d'une trentaine de mètres, des locaux sont occupés à les récupérer dans de gros sacs de toile.

 

 

On grimpe sur les hauteurs et on s'offre une balade de quelques heures sur le plateau central, DSCN5075la mer en vue de chaque côté, un rayon de soleil éclairant le drame de nuages gris et bleus qui se joue depuis trois jours... On est dans nos pensées, et pour une fois on ne parle pas.

 

 

 

 

 

 

Le soir, on se rend à Ancud, tout au Nord, pour prendre de l'avance sur le trajet de retour... et puis, parce qu'on avait repéré pas loin un restaurant qui faisait des "curantos" traditionnels, cuits dans la terre avec des pierres chaudes. On l'avait réservé avant d'arriver à DSCN5086.JPGl'auberge... mais oubliant de faire préciser si c'était bien commme ça qu'ils procédaient.

 

Si bien qu'après un trajet d'une dizaine de kms en taxi, emmenées par un chauffeur qui doit avoir un droit de possession sur la voie de gauche mais ne nous a pas mises au courant... on apprend de notre hôtesse, qu'encore une fois, elle n'a que nous, et que ce sera à la olla, dans un chaudron. C'est bien notre veine ! On aurait pu rester à Ancud.

 

Seul le coin de la pièce où on est installées est éclairé, le poêle ronronne, et on rigole énormément de la situation, du lieu, imaginant ce qui a pu retenir le mari, censé nous conseiller le petit vin qui accompagnera le repas...

 

Néanmoins, on ne regrette pas : quand le curanto arrive, c'est énorme !!!! et délicieux. Même après une journée dehors, on n'arrive pas à venir tout à fait à bout de la montagne de coquillages, de viandes, de pommes de terre et de galettes diposée devant nous.

 

Quand le mari revient, la bouteille du Rhin est presque finie et les rires gagnent encore en intensité.

 

 

 

Le retour en taxi parait beaucoup moins périlleux. Tout véhicule en face ne peut être qu'un fantôme qu'on traversera sans problème !

 

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Tout ça pour dire que les sept heures de trajets cumulés du retour, pour arriver un peu juste à la réunion prévue, valent le coup ; on se réjouit de la façon dont on a employé ces quelques jours... s'étant aéré les poumons et défoulé les gambettes, ayant profité de paysages troublants (pas inédits comme ceux de la Patagonie, mais quand même), de la généreuse gastronomie locale, et s'étant payé de belles tranches de rigolade !

 

 

Prochain séjour probable : la Séréna, où Anne a un ami guide de montagne. Puis, avec ma petite soeur fin juin, le désert de San Pedro de Atacama !!! En attendant, retour dans la réalité de l'université, où la mobilisation s'intensifie pour sauver l'enseignement du français. Parviendront-ils à inverser la vapeur ?

 

 

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B
<br /> Bon, ok les photos sont très belles... mais ça commence à dater tout ça...allez, au travail, je veux de l'exotisme!<br /> <br /> <br />
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E
<br /> ah la la... j'ai hâte! Je ne vois pas du tout le départ arriver, je vais me faire surprendre, mais de lire que je suis au programme des prochaines escapades me fouette le sang! C'est<br /> partiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Coucou Chaton, Là on y est ! coquillages et crustacés, sur l'île, abandonnées ... J'ai hâte de savoir si le francais va être sauvé... vite, le prochain épisode ! Dad.<br /> <br /> <br />
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